Celle qui veille sur la Lune

Celle qui veille sur la Lune

DÉCOUVREZ LA LÉGENDE DU MOIS DE JANVIER EN FRANÇAIS ET EN REO TAHITI.


Un beau jour, le dieu Rû, célèbre pour avoir décollé le ciel de la terre, décida de faire le tour du monde en compagnie de sa sœur Hina-faaaru-vaa (Hina la pirogue pilote).

Tout en préparant sa pirogue Te-apori, Rû observa intensément l’aspect de la terre et décida, afin d’organiser l’ensemble, de nommer des points cardinaux. Il appela l’est Te-hiita-o-te-ra (lever du soleil), l’ouest Te-tooa-o-te-ra (coucher du soleil), le sud Apato’a et le nord Apatoerau.

Grâce à un habile système de cordage, Hina et Rû attachèrent une grande natte au mat afin de s’en servir de voile et, très vite, ils furent prêts à partir. Rû s’installa à l’arrière de la pirogue. Une première pagaie, fixée sur la coque, lui servait de gouvernail tandis qu’une seconde, reposant entre ses pieds, lui permettait de ramer en cas de besoin. Hina, de son côté, prit place à l’avant du navire. Sans relâche, elle scrutait l’horizon et annonçait les terres en vue.

Pendant des semaines, le frère et la sœur voguèrent ainsi. Ils atteignirent d’abord les îles de la Société et accostèrent à Mo’orea. Ils visitèrent ensuite Tahiti, avant de reprendre leur exploration du monde. Ils foulèrent toutes les îles, sans exception, du nord au sud et d’est en ouest.


Hina, infatigable, fredonnait en boucle la chanson suivante :

“O profondeur des rivières !
O fraîcheur des rivières !

Petites crevettes des rivières
Grandes crevettes des rivières,
O chevrettes des rivières,
O plénitude des rivières !

Les eaux intérieures réfléchissant les fleurs
Qui s’approchent et s’éloignent !
Que ceux qui voient au loin et qui habitent la terre
Se lèvent et contemplent !

Qu’ils contemplent les montagnes établies !

Que ceux qui voient au loin et qui habitent la terre
Se lèvent et contemplent !

Qu’ils regardent la mer de Te-fatu-moana (le seigneur de l’océan) !

Que ceux qui voient loin et qui habitent la terre
Se lèvent et voient Atea au-dessus d’eux !

Que ceux qui voient au loin et qui habitent la terre
Se lèvent et contemplent !

Qu’ils regardent en bas, en présence de Te-Tumu,
La forêt épaisse et les torrents,
Les fontaines des profondeurs,
Les fontaines de la surface,
Les vagues de l’Est,
Les vagues de l’Ouest,
Les coins stables, les coins brûlants,
Au grand développement qui s’étend sur les huit directions (rose des vents).”



Leur tour du monde terminé, Hina et Rû s’installèrent à Ra’iatea, sur la péninsule Motu-tapu (île sacrée). Cependant, ce long périple n’avait pas étanché la soif d’exploration de la déesse. Une nuit, alors que la Lune était pleine et se découpait, majestueuse, dans le ciel étoilé, Hina décida d’aller lui rendre visite. Elle prit sa pirogue et pagaya jusqu’à l’astre. L’environnement lui plut tellement qu’elle décida de s’y installer définitivement.

C’est ainsi que Hina-faaaru-vaa devint Hina-i-aa-te-marama (Hina qui pénétra dans la Lune). Parce qu’elle protégeait les voyageurs pendant la nuit, on la surnomma également Hina-nui-te-araara (grande Hina qui veille).

Hina découvrit que les ombres qui couvraient la surface de la Lune, visibles depuis la Terre, étaient en réalité les branches d’un ora (banyan). Elle se servit alors de l’écorce de l’arbre pour faire du tapa qu’elle offrait aux dieux. Muse des batteurs de tapa sacré qui s’efforçaient de reproduire la finesse de son art, cette activité lui valut le surnom de Hina-tutu-ha’a (Hina la batteuse de tapa).

La légende raconte que Hina, un jour où elle grimpait dans l’arbre, brisa par mégarde une branche qui dégringola jusqu’à la terre. Elle prit racine à Opoa (Ra’iatea) et donna naissance au tout premier banyan terrestre.

Hina prit pour fidèle compagnon un u’upa, pigeon vert sauvage qui demeurait dans le banyan, se nourrissant de ses petites figues. C’est lui qui décida d’en faire profiter les hommes et qui, muni d’un panier rempli de fruits, parcourut la Polynésie pour y distribuer les figues. Les populations, trouvant l’écorce idéale pour la fabrication du tapa, répandirent l’arbre un peu partout.


CELLE QUI VEILLE SUR LA LUNE (EN TAHTIEN)


 

[TRADUCTION EN TAHITIEN EN COURS]

© SOCREDO 2026 | ill. : Pauline Martin | Tous droits réservés.
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Dans son ouvrage, Teuira Henry rapporte la chanson sacrée de la pirogue de Rū.
Dans son ouvrage, Teuira Henry rapporte la chanson sacrée de la pirogue de Rū.


Ce chant, retranscrit pour la première fois en 1886 à Ra’iatea, célèbre le retour de Hina et Rū en Polynésie après une escale en Te-ao-tea-roa (Nouvelle-Zélande) :

« Derrière était Te-ao-tea-roa, devant était le vaste Océan !
Rū était à l’arrière, Hina était à l’avant !


Et Rū chanta ainsi :
« Je te tire, je te tire vers la terre,
Te-apori, ô Te-apori !
Je te tire, je te tire vers la terre,
Alors surgit le grand Maurua. »


Alors sa sœur s’écria,
Au-dessus des vagues écumantes :
« Ô Rū ! Une terre s’élève, quelle terre est-ce ? »

« C’est Maurua, que son mot de passe soit,
Grand Maurua pour toujours. »


Rū chanta encore :
« Je te tire, je te tire vers la terre,
Te-apori, ô Te-apori !
Je te tire, je te tire vers la terre,
Maintenant tiens-toi bien à Porapora. »


Alors sa sœur s’écria,
Au-dessus des vagues écumantes :
« Ô Rū ! Une terre s’élève, quelle terre est-ce ? »


« C’est Porapora, que son mot de passe soit,
Porapora la grande : la première née,
Porapora dont la flotte consume dans deux sens.
Porapora à la pagaie silencieuse,
Porapora à la feuille rose,
Porapora la destructrice de flottes.»


Rū chanta encore :
« Je te tire, je te tire vers la terre,
Te-apori, ô Te-apori !
Je te tire, je te tire vers la terre,
Maintenant tiens-toi bien à Taha’a. »


Alors sa sœur Hina s’écria,
Au-dessus des vagues écumantes :
« Ô Rū ! une terre s’élève,
Quelle terre est-ce ? »


« C’est Taha’a, que son mot de passe soit,
Grand Taha’a au ciel paisible. »


Rū continua à chanter :
« Je te tire, je te tire vers la terre,
Te-apori, ô Te-apori !
Je te tire vers la terre,
Maintenant tiens-toi bien à Hava’i (Ra’iatea). »


Alors sa sœur Hina s’écria :
« Ô Rū ! Une terre s’élève,
Quelle terre est-ce ? »


« C’est Hava’i, que son mot de passe soit,
Hava’i qui domine dans sa gloire extrême,
Grand Hava’i dans la beauté de sa colère.
Le merle contemple le ciel vers la mer,
Voguant sur les vagues d’Arei (à Huahine),
L’albatros aimé sera laissé derrière :
Ma-uru (saison changeante) le mari, Ma-uru l’épouse,
Viendront en effet pour toujours ô Rū !


Tire-la pour qu’elle coure, pour que ma pirogue à voiles puisse courir !
Tire-la vers le rivage, tire-la vers la mer,
Tire-la pour qu’elle coure, pour que ma pirogue à voiles puisse courir !
Tire-la devant, tire-la derrière,
Tire-la pour qu’elle coure.
Que ma pirogue à voile puisse courir ! »

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